De nombreux jeunes ont l’appel du métier en voyant nos forêts réduites en cendres

Mardi, 6 juin 2023 00:00

Un jeune de 18 ans entend l'appel de la forêt et se prépare à suivre sa formation de pompier forestier pour pouvoir aller combattre les feux qui sont «du jamais-vu» au Québec, selon les mots du premier ministre du Québec, François Legault.

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«On est là pour sauver la forêt et la faune. C’est un travail très physique. C’est ce que je recherche: travailler sans arrêt», confie au Journal Charles Mainville, finissant en foresterie, qui s’apprête à commencer sa formation de pompier forestier.

La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre. Son père, Vincent Mainville, dirige le Centre de formation professionnelle de Mont-Laurier (CFPML), où il étudie. La famille a la forêt dans le sang. Alors que plus de 160 foyers d'incendie dévastent le Québec, les renforts des prochains mois seront les bienvenus.

Après un diplôme en protection de la faune et un autre en foresterie en poche, les astres sont alignés pour que Charles Mainville commence sa formation de pompier forestier de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU).

Pour y être admissible, il faut détenir un diplôme d’études professionnelles (DEP) ou un baccalauréat (BAC) en sécurité incendie, en écologie ou en biologie, par exemple, ou encore avoir trois ans d’expérience en forêt. Il y a aussi un test physique.

Le salaire? D’après la SOPFEU, un pompier forestier peut espérer gagner entre 29 000$ et 55 000$. Le taux horaire est de 22,49$ l’heure en rentrant.

«À sa première saison, un pompier forestier est appelé à travailler une moyenne de 16 semaines. À partir de la deuxième saison, un minimum de 17 semaines de travail lui est garanti», indique la SOPFEU, qui forme plus de 300 pompiers forestiers en ce moment.

Combattre le brasier

Pour Charles Mainville, le métier de pompier forestier est valorisant parce que l’on peut voir le fruit de son travail sur le terrain au jour le jour.

Charles Mainville

Crédit photo : Charles Mainville souhaite exercer le métier de pompier forestier pour aider les communautés du Québec. FOURNIE PAR CHARLES MAINVILLE

«Tu éteins le feu en faisant des barrières de billots de bois, en creusant des tranchées ou en arrosant», détaille-t-il.

Quand on lui demande s’il a peur du danger, il rétorque qu’il y a toujours une équipe autour pour coordonner les opérations.

«J’ai un ami qui a dû quitter le brasier d’urgence en laissant son équipement là. On est venu le chercher en hélicoptère», illustre l’homme de Mont-Laurier.

À deux pas de lui, Charles Hamel, 20 ans, étudiant en protection de la faune au même endroit, abonde dans le même sens.

«Je souhaite pouvoir protéger la forêt et aider les gens», affirme celui qui commencera aussi sa formation sous peu.

«J’aime aussi l’aspect du travail saisonnier», poursuit-il.

Charles Mainville

Crédit photo : Gabriel Rodrigue, pompier forestier, de la base de Messine. PHOTO FOURNIE PAR GABRIEL RODRIGUE

Combattant auxiliaire

À 900 km de là, à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, Jean-Simon Bernatchez, de la Coopérative de travailleurs forestiers Eaubois, qui a été combattant auxiliaire à plusieurs reprises, insiste sur l’importance de ce poste clé pour soutenir les pompiers forestiers.

«C’est une formation théorique de quatre jours qui nous explique comment déceler les risques d’incendie avec la météo. Souvent, il y a des chalets équipés de propane. On nous montre les mesures de sécurité», partage-t-il.

Embarquer dans l’hélicoptère, proportionner le matériel dans l’appareil, préparer l’équipement d’urgence... le rôle du combattant auxiliaire est crucial.

«Ça prend quelqu’un qui aime être en forêt, comme un débroussailleur ou un reboiseur. La formation est payée par la SOPFEU, qui paye aussi un salaire en plus», dit-il.

À sa coopérative, les combattants font entre 14 h et 16 h par jour en ce moment.

«Un combattant va chercher près de 23$ l’heure. Après huit heures, ça tombe à temps et demi. C’est facile de faire plus de huit heures par jour», conclut-il.